taiji quan et symbolisme
Taiji quan et symbolisme ; l'eau
L’EAU
«... La longue boxe est semblable aux flots du fleuve bleu ou de la mer qui se meuvent continuellement et sans fin... »
Traité sur le taiji quan, texte attribué à Zhang San Feng
Souvent utilisée afin de tenter de définir le taiji quan, cette phrase nous livre une image singulière de cette discipline. Cette même idée de continuité est déjà par deux fois affichée dans le même texte, la répétition est d’usage courant dans les textes de la tradition du taiji quan, ainsi la phrase en référence au Fleuve Bleu constitue un rappel de ce principe sous forme d'image.
D'autres extraits du Traité du taiji quan livrent des indications sur la pratique :
« Il faut que les mouvements ne présentent aucune imperfection, sans creux ni bosse, ils s’enchaînent sans interruption. »
Et un peu plus loin
« Toutes les parties du corps sont reliées entre elles, articulation par articulation, sans la moindre rupture »
Ceci souligne la fluidité des mouvements du taiji quan
DEVIDER LE FIL DE SOIE
On trouve une image similaire dans l’évocation du déroulement du fil de soie symbolisant la manière d’exécuter la forme du taiji quan ; doux afin que le fil ne casse pas, et continu afin que cette dynamique permette le défilement du fil.
Ainsi, ces extraits rappellent que ce principe de continuité caractérise de façon marquante le poing du taiji. Par ses gestes continus et harmonieux, la forme exprime la même qualité que celle conférée à la vie ; sa faculté de s’écouler sans relâche. En effet, la conduite des gestes ne comporte aucune rupture ou arrêt et s’écoule tel un flot continu, seule une pulsation seulement perceptible aux observateurs avertis se manifeste marquant les mouvements d’ouverture et de fermeture liés au yin et au yang. Le microcosme (le corps) s’unit ainsi au macrocosme (la vie ou encore le dao), en manifestant cette pulsation. Rappelons que l’image rattachée à ce principe n’est autre qu’un élément naturel, l’exemple de la nature étant très marquant.
Si la référence à l’eau à travers les premiers textes retraçant la théorie rattachée au taiji quan a son importance sur la compréhension de la pratique de l’enchaînement, d’autres textes, ceux de la littérature chinoise classique, constituent également une source d’enrichissement, nous aborderons quelques exemples tirés des philosophes taoïstes. Les éléments qui constituent la mythologie du taiji quan sont suffisamment marquants pour qu’ils soient aussi porteurs de messages clairs sur cette pratique, la construction du taiji quan du point de vue historique et théorique s’inspire sans conteste de la pensée chinoise, ces exemples sont nombreux de cette influence. C’est pour cette raison que l’étude de la culture chinoise est pour un pratiquant une porte fabuleuse pour sa recherche.
SUIVRE LE MOUVEMENT DE L'EAU
Textes sur l’adaptation aux éléments ou circonstances, notion de suivre en tui shou
Kong fu zi (Confucius) est en admiration devant un nageur bravant une forte rivière, voici ce que le nageur explique sur la manière dont il brave les éléments :
« Je me laisse aspirer par l’entonnoir central du tourbillon, puis rejeter par le remous périphérique. Je suis le mouvement de l’eau, sans faire moi‑même aucun mouvement ».
Livre 2 chapitre 9 « La chute d’eau » Lie zi (Lie-tseu)
Plus loin, une histoire similaire toujours relatée par Confucius, cette fois-ci le nageur s’y prend d’une toute autre manière :
« Avant d’entrer dans l’eau, dit l’homme, j’examine si mon cœur est absolument droit et loyal, puis je me laisse aller. Ma rectitude unit mon corps aux flots. Comme je fais un avec eux, ils ne peuvent pas me nuire ».
Livre 8 chapitre 10 « de la parfaite adaptation aux circonstances » Lie zi (Lie tseu)
LA BONTE
Textes sur l’action bienfaisante de l’eau, aspect santé et harmonie du taiji quan
"La bonté transcendante est comme l’eau.
L’eau aime faire du bien à tous les êtres ; elle ne lutte pour aucune forme ou position définie, mais se met dans les lieux bas dont personne ne veut.
En ce faisant, elle est l’image du Principe.
A son exemple, ceux qui imitent le Principe, s’abaissent, se creusent ; sont bienfaisants, sincères, réglés, efficaces, et se conforment aux temps. Ils ne luttent pas pour leur intérêt propre, mais cèdent. Aussi n’éprouvent‑ils aucune contradiction."
Chapitre 8 Dao De Jing Lao Zi (lao tseu)
Voici le commentaire associé à ce texte :
"Ce chapitre continue le précédent. Après l’altruisme du ciel et de la terre, l’altruisme de l’eau est proposé en exemple. Ko-tchangkeng résume ainsi : Fuyant les hauteurs, l’eau recherche les profondeurs. Elle n’est oisive, ni le jour, ni la nuit. En haut elle forme la pluie et la rosée, en bas les fleuves et les rivières. Partout elle arrose, elle purifie. Elle fait du bien et est utile à tous. Elle obéit toujours et ne résiste jamais. Si on lui oppose un barrage, elle s’arrête ; si on lui ouvre une écluse, elle s’écoule. Elle s’adapte également à tout récipient, rond, carré, ou autre. — La pente des hommes est toute contraire. Ils aiment naturellement leur profit. Il leur faudrait imiter l’eau. Quiconque s’abaissant servira les autres, sera aimé de tous et n’aura pas de contradicteurs."
SOUPLESSE
Texte sur l’association souplesse et faiblesse/efficacité, aspect efficacité du taiji quan
"En ce monde, rien de plus souple et de plus faible que l’eau ; cependant aucun être, quelque fort et puissant qu’il soit ; ne résiste à son action (corrosion, usure, choc des vagues) ; et aucun être ne peut se passer d’elle (pour boire, croître, etc.)."
"Est‑il assez clair que la faiblesse vaut mieux que la force, que la souplesse prime la raideur ? Tout le monde en convient ; personne ne fait ainsi.
Les Sages ont dit : Celui‑là est capable d’être le chef du territoire et le souverain de l’empire, que ne rebutent, ni l’ordure morale, ni le malheur politique. (Celui qui est assez souple pour s’accommoder à tout cela ; et non l’homme raide et systématique.)
C’est là une parole bien vraie, quoiqu’elle offense les oreilles d’un grand nombre."
Dao De Jing Lao Zi (lao tseu) chapitre 78
EFFICACITE
Textes sur l’efficacité de l’eau, taiji quan expression du non-agir. Action non-action exemple de l’eau et du silence.
"Partout et toujours, c’est le mou qui use le dur (l’eau use la pierre). Le non‑être pénètre même là où il n’y a pas de fissure (les corps les plus homogènes, comme le métal et la pierre). Je conclus de là, à l’efficacité suprême du non‑agir.
Le silence et l’inaction ! Peu d’hommes arrivent à comprendre leur efficacité".
Chapitre 43 Dao De Jing Lao Zi (lao tseu)
"Le prince héritier Kien, fils du roi P’ing‑wang de Tch’ou, ayant été calomnié par Fei‑ouki, avait fui à Tcheng, où il avait été assassiné. Son fils Pai-koung méditait de le venger. Il demanda à Confucius :
— Y a‑t‑il des chances pour qu’un complot ne soit pas découvert ?
Confucius perça son intention et ne répondit pas. Pai-koung reprit :
— Une pierre jetée au fond de l’eau, peut‑elle être découverte ?
— Oui, dit Confucius ; par un plongeur du pays de Ou.
— Et de l’eau mêlée à de l’eau, peut‑elle être découverte ?
— Oui, dit Confucius. I‑ya discerna qu’il y avait, dans un mélange, de l’eau de la rivière Tzeu, et de l’eau de la rivière Cheng.
— Alors, dit Pai-koung, à votre avis, une conjuration ne peut pas ne pas être découverte ?
— Elle ne le sera pas, dit Confucius, si l’on n’en a pas parlé. Pour réussir, et à la pêche, et à la chasse, il faut le silence. La parole la plus efficace, est celle qui ne s’entend pas ; l’action la plus intense, est celle qui ne paraît pas. L’imprudence et l’agitation ne produisent rien de bon. Vous trahissez vos projets, par vos discours et votre attitude."
Chapitre 8 Lie Zi (lie tseu)
Quelques remarques
L’origine de la vie provient du bouillon originel d’où sont apparus les premiers éléments de la vie. Il n’est donc pas étonnant que cet élément soit présenté comme primordial, le rattachement du taiji quan à cet élément tient de ce fait. La première posture du début de l’enchaînement représente cette notion d’origine.
Du point de vue de l’énergétique chinoise, les trajets d’écoulements et de manifestations de l’énergie se présentent comme des rivières, des océans ou des mers, l’énergie et le sang circule de concert
"be water my friend"
L'icone des arts martiaux ; le célèbre Bruce Lee a fait référence de nombreux fois au pouvoir de l'eau au cours des ces interviews et écrits.
Source photos : Pixabay
Taiji quan et symbolisme : le faisan doré se tient sur une patte
- école Chen :
Le faisan doré se tient sur une patte (Despeux)
- école Yang :
Le faisan doré se tient sur une patte (Despeux)
Le coq d’or se tient sur une patte (Maisel, Anneville, Devondel)
Le coq d’or debout sur une patte (Gortais)
- école Wu :
le jeune coq d’or se tient sur une patte (Delza)
Les idéogrammes
JIN | Métal (dans le sein de la terre, deux paillettes ou pépites de métal) Wieger 14 | |
Or, précieux (comme l’or) ; jaune d’or Métal, métallique Dur résistant comme le métal, métal l’un des cinq éléments (Ricci 941) |
JI | Poule coq (Riccci 442) |
Mais aussi plus simplement BI 鷩 signifiant également faisan doré
le faisan doré : l’animal
Son appellation vient de sa huppe dorée qui lui retombe sur la nuque. Le Chrysolophus pictus de l’ordre des Galliformes, de la famille des Phasianidés est une espèce non présente en France. Il vit dans les montagnes de Chine centrale, principalement dans les massifs de bambous. Néanmoins, quelques exemplaires ont été implantés en Angleterre où il y vit à l’état sauvage. En voici une description :
" Une huppe touffue de plumes un peu ébarbées, d'un jaune doré vif, recouvre la tête et retombe sur la collerette ; celle-ci est formée de plumes rouge-orange, bordées de noir, satin foncé, de façon à former des séries de raies noires parallèles ; les plumes du haut du dos, en grande partie recouvertes par la collerette, sont vert-doré et bordées de noir. Il a le bas du dos et les couvertures supérieures des ailes d'un jaune vif ; la face, le menton, les côtés du cou d'un blanc jaunâtre ; la gorge et le ventre rouge-safran vif ; les couvertures des ailes d'un rouge-brun châtain ; les rémiges d'un brun rougeâtre, bordées de roux marron ; les scapulaires d'un bleu foncé, à bords plus clairs ; les plumes de la queue marbrées ou veinées de noir sur fond brunâtre ; les longues et étroites couvertures supérieures de la queue d'un rouge foncé. L'oeil est jaune doré, le bec d'un jaune blanchâtre ; les pattes sont brunes. " Source illustration: http://www.chine-photos.com
LES VOYAGES DUNE HIRONDELLE
(A. DUBOIS -1886)
coq d'or (faience musée de la compagnies des Indes Port Louis Morbihan)
Le symbolisme de l’oiseau et du faisan
« C’est la signification des oiseaux dans le taoïsme, où les immortels prennent figure d’oiseau pour signifier la légèreté, la libération de la pesanteur terrestre »
Symbolisme Chevalier et Gheerbrant p 695
« Un faisan symbole par son chant et par sa danse [1] de l’harmonie cosmique préfigura l’avénement de Yu- le-Grand, ordonnateur du monde. L’appel de la faisane au faisan est en rapport avec le tonnerre, le printemps, l’ébranlement cosmique, la conception, désigne aussi le bruit d’ailes des faisans, c’est le signe de l’éveil de yang. Au rythme des saisons, le faisan se transforme en serpent, et inversement ; le faisan est yang, le serpent est yin ; c’est le rythme, l’alternance universels. »
P 427 Symbolisme Chevalier et Gheerbrant
Le symbolisme du coq d'or en taiji quan
Notons que dans l’enchaînement du taiji quan quelque soit le style, le geste du faisan doré fait suite à un mouvement appelé :
- dans l’école Chen
S’accroupir sur une jambe (Despeux)
Balayer et tomber avec les jambes en fourche (Carmona)
- dans l’école Yang
Le serpent qui rampe (Despeux)
- suivant le courant yangjia michuan
Se baisser (Wang Yen Nien)
coq d'or (faience musée de la compagnies des Indes Port Louis Morbihan)
- dans l’école Wu
Le serpent descend en rampant (Delza)
Ce mouvement s’exécute en s’accroupissant sur une jambe tandis que l’autre s’étend. S’il symbolise le serpent, comme semble l’indiquer les appellations concernant ce mouvement des styles Yang et Wu, le faisan doré est suivi par un mouvement associé au serpent. Si nous mettons en parallèle les affirmations de Chevalier et Gheerbrant sur les relations du faisan et du serpent qu’ils ont pu indiqué un peu plus haut et les deux séquences de mouvements (celle du faisan et celle du serpent). Le faisan y représenterait le yang et le serpent le yin, tous deux s’engendrant l’un et l’autre.
Contrairement à l’histoire habituellement racontée au sujet de la création du taiji quan où ses principes auraient pu naître à la suite de l’observation par Zhang San Feng du combat entre un volatile et un serpent, ici l’oiseau (le faisan) et le serpent ne se combattent pas, au contraire, ils figurent l’alternance du yin et du yang, se nourrissant l’un de l’autre, s’engendrant mutuellement.
Faisan doré, l’oiseau rouge ?
Cuvier a, le premier émis l'opinion que le fameux phénix des anciens pourrait bien n'être que le faisan doré. Pourtant s’il peut selon certains auteurs représenter le yang donc pouvoir ainsi se confondre avec le phénix rouge habituellement associé au sud, à l’été, au feu, à la couleur rouge, il est quand même le plus souvent associé à l’élément métal, élément que l’on trouve d’ailleurs présent dans l’idéogramme Jin.
Extrait d'une étude sur les animaux présents dans le grand enchaînement du style Yangjia michuan taiji quan. Les dragon, tigre, grue, moineau, serpent, cheval, coq d'or, singe vous sont présentés sous leur aspect symbolique.
Animal symbolique de la saison de l'automne ; la grue blanche
La grue blanche déploie ses ailes
Le mouvement ; "La grue blanche déploie ses ailes" apparait à plusieurs reprises dans l'enchaînement du yangjia michuan tai ji quan. Celui-ci contient deux autres mouvements faisant référence aux oiseaux ; les mouvements, "saisir la queue du moineau" et "le faisan doré se tient sur une patte".
Voici l'explication symbolique que nous donne J.C. Cooper au sujet de la grue blanche [1] : « Par son plumage d'une immaculée blancheur, elle figure l'état paradisiaque d'innocence et de pureté et l'oiseau tout entier symbolise la transcendance, les pouvoirs célestes et la liberté de l'âme. Elle est notamment l'emblème de l'un des huit génies, ou hommes immortels qui illustrent les divers aspects de la philosophie taoïste » Elle sert de monture aux immortels dans leur ascension, en particulier à Lan Caihe (l'un des huit immortels taoïstes) qui disparut en prenant une grue comme monture. La couleur rouge sur sa tête est mis en relation avec le cinabre qui rentrait dans la composition des pilules d'immortalité de l' alchimie taoïste externe.
D'autre part, la grue a inspiré une méthode de combat à une nonne bouddhiste ; Fang Chi Nian. Le volatile aurait tué d'un coup de bec un serpent qui menaçait la jeune femme. Force de constater qu’il s’agit exactement de l’histoire inverse que celle de la création du tai ji quan où cette fois ce fut un serpent qui gagna le combat contre une pie. Autre élément de comparaison avec la légende de la création du tai ji quan, c'est à travers les rêves que fit Fang Chi Nian suite à cet épisode qu'une grue lui transmit une partie de sa science du combat. C'est aussi dans un rêve que Xuandi (le guerrier sombre une divinité) aurait transmis la méthode interne du tai ji quan à Zhang San Feng créateur présumé du taiji quan.
Le nom du mouvement "la grue blanche déploie ces ailes" fait certainement référence à l' école de la grue blanche. Si on admet la paternité du tai ji quan au clan Chen, on ne peut oublier que le village du clan Chen (Chenjiagou) ne se trouve qu'à 50 km du monastère de Shaolin. On peut raisonnablement penser que le monastère ait eu une influence dans la région. Le fait de trouver trace d' une école dont la filiation se rattache au monastère de Shaolin dans l'enchaînement du tai ji quan ne nous étonne donc pas. Sur le rapprochement Shaolin et clan Chen, Wang Yen Nien a été catégorique sur ce sujet dans une conférence en 1999 à Chalonnes, il considère le tai ji quan du clan Chen comme appartenant au courant Shaolin. Pour lui le taiji quan ne serait né réellement que par l'influence de Yang Lu Chan (patriarche de l'école Yang du taiji quan) suite aux transformations qu'il apporta aux techniques qu'il apprit auprès du clan Chen.
Le wu qin xi ; les formes animales
Certains auteurs considèrent le Wu Qin Xi (le jeu des cinq animaux du docteur Hua Tuo) comme à l'origine des styles zoomorphes issues du monastère de Shaolin, le Wu Qin Xi est composé de cinq exercices qui imitent les mouvements des animaux. Chaque animal est mis en relation avec un élément ou mouvement de l'énergétique chinoise. La grue est associée à l'élément métal.
WU QIN XI Synthèse de plusieurs écoles |
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Elément bois _____________
Tigre
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Elément feu
____________ Léopard ou Dragon ou Serpent ou Cerf |
Elément terre _____________
Ours |
Elément métal
_____________ Grue ou Cigogne ou Aigle
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Elément eau
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Singe
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La symbolique de la grue blanche
Par extension, la grue est donc associée à la couleur blanche, à l'ouest, à l'automne, aux poumons, au gros intestin et au piquant. Cette théorie (les cinq éléments) sur laquelle se basent non seulement les arts martiaux mais aussi l'acupuncture, la cuisine, l'astrologie, etc.. ; est apparue dans un traité le Hong Fan[2] communément appelé "l'écriture ou livre de Luo" que Yu le Grand (2205 avJ.C) mit en forme suite à l'apparition d'une tortue sortant du fleuve Luo, celle-ci portait sur son dos un diagramme que Yu le Grand interpréta. M.Granet date le Hong Fan des premiers débuts de la littérature écrite[3] Voici sous forme de tableau, ce premier écrit sur les cinq éléments, premier article de l'ensemble de neuf articles composant le Hong Fan destinés à expliquer les grandes lois de la société et les devoirs mutuels.
Eléments |
Propriétés |
Saveur |
EAU |
Mouille et descend |
et devient salée |
BOIS |
Se laisse courber et redresser |
Prend une saveur acide |
FEU |
Brûle et s'élève |
Prend une saveur amère |
TERRE |
Reçoit la semence et donne les récoltes |
Prend une saveur douce |
METAL |
Obéit à la main de l'ouvrier et prend différentes formes |
Prend une saveur âcre |
[2] p 196 "Chou King" par S.Couvreur éd You Feng
[3] p494 "La pensée chinoise" M.Granet
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sources :
"Le magot de Chine" Situ Shuang éditions You-Feng
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Extrait d'une étude sur les animaux présents dans le grand enchaînement du style Yangjia michuan taiji quan. Les dragon, tigre, grue, moineau, serpent, cheval, coq d'or, singe vous sont présentés sous leur aspect symbolique.
SYMBOLISME DU DRAGON
DRAGON (LUNG) QUELQUES DEFINITIONS
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PETIT LAROUSSE
N.m (lat.Draco)
1. Animal fabuleux, généralement représenté avec des griffes de lion, des ailes et une queue de serpent.
2. Fig. Gardien vigilant et farouche
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DICTIONNAIRE FRANÇAIS DE LANGUE CHINOISE INSTITUT RICCI
3309 LUNG
1. Dragon (animal fabuleux, génie des pluies et des eaux)
2. L’empereur ; souverain. Impérial, royal.
3. Homme éminent
4. (anc.) cheval de plus de huit pieds de haut
5. (géomancie) Site montagneux favorable
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DICTIONNAIRE DES SYMBOLES (extraits)
Le dragon est surtout lié à la production de la pluie et du tonnerre…
Le dragon est yang comme signe du tonnerre et du printemps, de l’activité céleste il est yin comme souverain des régions aquatiques…
C’est le principe Qien, origine du Ciel et producteur de la pluie dont les six traits sont six dragons attelés…
Puissance céleste, créatrice, ordonnatrice, le dragon est tout naturellement le symbole de l’empereur. Le dragon est une manifestation de la toute puissance impériale chinoise : la face du dragon signifie la face de l’empereur ; la démarche du dragon est l’allure majestueuse du chef ; la perle du dragon, qu’il est censé posséder dans sa gorge est l’éclat indiscutable de la parole du chef, la perfection de sa pensée et ses ordres…
Les dragons volants sont montures d’immortels, il les élève vers le ciel…
Il est le gardien de la perle…
Le dragon est signe de bon augure, son apparition est la consécration des règnes heureux…
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DRAGON (LUNG) CLASSIFICATIONS DES CINQ ELEMENTS
L’ENERGIE DU BOIS MU
Couleur SE
Bleu vert QING
Saison SHI
Printemps CHUN
Direction FANG
Est TONG
Planète XING
Jupiter MU
Son SHENG
CHIAO
Vertu CHANG
Bienveillance REN
Saveur WEI
Aigre acide SUAN
Viscère ZANG
Foie GAN
"Hélas, je pouvais jadis porter les armes et les lourds fardeaux, pour éliminer les rebellions. J'ai connu le danger et malgré les échecs, l'empereur ne m'a pas puni. Il m'accordait soudain sa grâce. A présent je suis vieux et essouflé. Seul me reste le livre de la Cour Jaune, compagnon de mes vieux jours. A la saison des travaux, je vais au champs. Pendant mes moments de loisirs, j'enseigne à quelques disciples l'art de devenir des tigres et des dragons et d'agir à leur guise."
Tai ji quan et symbolisme 4 ; le dragon et taiji quan suite
LE DRAGON NOIR S’ENROULE AUTOUR DU PILIER
« …Pour clore l’hiver, les anciens chinois célébraient une fête qui servait soit à rénover la vertu du chef, soit à instaurer un roi à l’année…il y avait, surtout une épreuve de mat de cocagne…C’est en gagnant l’épreuve de l’ascension que le nouveau fils du ciel méritait, devenu le trait d’union du ciel et de la terre,[1] d’imposer à sa taille au gnomon, sa mesure au tube étalon…Il s’était identifié à la voie royale.[2] » Le « fils du ciel » étant considéré comme un dragon, l’image du dragon enroulé autour du pilier peut faire référence au fils du ciel dans son ascension vers son avènement ?
Ce thème graphique (le motif du dragon enlaçant la colonne) analogue à celui du Taiji se retrouve dans l’iconographie[3] ancienne. Il peut avoir donné naissance au diagramme du Taiji.
Essaylet associe le dragon au petit œil blanc du poisson noir, il manifesterait un mouvement ascensionnel agitant le yin et transformant l’eau en vapeur (les nuages) ; le subtil rapport de l’eau et du feu. Ce mouvement serait spiralé comme un vent tourbillonnant.
D’autres civilisations possèdent des représentations analogues. La légende grecque des Argonautes précise sur ce sujet que le dragon qui gardait la toison d’or était enroulé autour du tronc de l’arbre auquel était suspendu la dépouille d’un bélier symbolisant le centre de la puissance fécondante[4] Le serpent qui tenta Eve au paradis était enroulé autour de l’arbre de la connaissance. Le caducée d’Hermès considéré comme le dieu de l’alchimie se présente comme deux serpents enroulés autour d’une baguette de laurier ou d’olivier surmontée de deux ailes. Ceci ressemble en tous points aux canaux d’énergie de la tradition du yoga indien, un canal au centre ; Sushumna dans la moelle épinière et deux autres canaux qui s’enroulent autour de celui-ci ; Pingala et Ida. L’emblème des médecins est un faisceau de baguettes autour desquelles s’enroule le serpent d’Epidaure (dieu de la médecine) surmontée d’un miroir représentant la Prudence. D’après le dictionnaire des symboles, la symbolique du piler se rattache à celle de l’axe du monde, de l’arbre et de la colonne. Il exprime la relation entre les divers niveaux de l’univers, de l’univers et du moi, un lieu de passage entre eux de l’énergie cosmique, vitale ou spirituelle et un foyer d’irradiation de cette énergie.
Voici quelques représentations de l’axe :
- Arbre
- Montagne
- Bâton
- Lance
- Linga
- Roues
- Colonnes
- Gnomon
Autour du dragon et du pilier, nous trouvons un grand nombre d’associations, la médecine, la connaissance, l’alchimie, l’axe du monde
Pour le pratiquant de taiji quan, l’axe est ce qui relie le point Bai Hui (cent réunions) et le point Hui Yin (réunion des yin). Diverses pratiques font relier ces deux points en empruntant deux canaux d’énergie ; du mai et ren mai, ceci formant une roue. L’axe, c’est aussi notre colonne vertébrale, ce qui relie notre crâne et le coccyx. Le dragon symbolise le mouvement, l’animation du principe yang.
« …six dragons tirent le char des souffles… »[5]
Le char des souffles est le creuset de toutes les énergies cosmiques, mises en branle par les six dragons ou les six traits yang du 1er hexagramme du Yi Jing, l’échelle du ciel