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ASSOCIATION LE BAMBOU HEROUVILLE SAINT-CLAIR (PRES DE CAEN) CALVADOS NORMANDIE

qu'est-ce que le tai ji quan (tai chi chuan)

REFLEXIONS SUR L’EVOLUTION ET LES CONDITIONS DE TRANSMISSION DU TAI JI QUAN (TAI CHI CHUAN)

13 Avril 2024 , Rédigé par T.Lambert Publié dans #QU'EST-CE QUE LE TAI JI QUAN (tai chi chuan)

 

          Les conditions de transmission des formes de taiji quan sont souvent illustrées par des histoires ou anecdotes plus ou moins véridiques, la réalité était certainement d’une tout autre nature. Si l’histoire n’a retenu le plus souvent que quelques dates et événements de la vie des maîtres de la première moitié du 20ème siècle, leurs histoires personnelles ont été profondément marquées par les événements sociaux et politiques de cette période ; guerre des boxeurs, début de la république chinoise, guerre sino-japonaise, guerre frâticide entre nationalistes et communistes, et instauration du régime communiste en 1949.

 

 

A L'INTERIEUR DES CLANS FONDATEURS L'APPRENTISSAGE ETAIT RUDE           

 

          Certains de ces maîtres ont vu beaucoup de malheurs et de tristesse autour d’eux, ces circonstances ont forgé dans leur esprit la volonté de donner le plus possible au plus grand nombre par le biais des bienfaits que l’on pouvait retirer de la pratique du taiji quan. Malgré les remous liés à la transformation radicale de la société chinoise, ces maîtres n’ont pas compté leurs efforts pour développer et promouvoir cet art, pour cela ils demeurent un exemple d’abnégation et de volonté inébranlable. S’ils sont devenus maintenant des figures emblématiques, ils ont payé de leurs efforts et de leurs constances ces places d’honneur. Leurs histoires personnelles sont marquées par le fait que ce qu’il leur a été donné l’a été au prix de gros efforts. En voici quelques exemples,

 

 

 

Yang Jian Hou (1839-1917) aurait été soumis à un entraînement tellement intense qu’il se serait enfui de la maison familiale afin d’y échapper.

 

 

 

 

 

 

 

          Soulignons qu’à son tour,  il aurait fait subir un même traitement à ses enfants, c’est pour cette raison que Yang Chengfu (1883-1936) aurait quitté le clan ne supportant plus les conditions d'entraînement. Il fallait posséder des capacités physiques et mentales hors du commun pour absorber les méthodes d’entraînement ayant cours dans ces familles dont un grand nombre de leurs représentants faisaient des arts martiaux leur profession. L’honneur et la réputation du clan familial conditionnaient cette éducation de fer.

 

 

Selon Wang Yen Nien, Zhang Qinlin (1888-1967) a semblé ne jamais faillir, il possédait des capacités exceptionnelles qui lui ont permis de « supporter » la pression de l’entraînement auquel il était soumis. C’est sans doute ces qualités qui lui ont permis d’être accepté au sein de la famille  Yang au point que Yang Jian Hou l’ait choisi lui plutôt qu’un de ses fils, afin de lui transmettre la méthode familiale.[2].

 

Zhang Qinlin a eu ces mêmes exigences envers Wang Yen Nien puisque selon lui, il fut soumis à quelques six heures d’entraînement par jour pendant ces cinq années de formation auprès de Zhang. Au vu de ces considérations, on ne peut guère comparer la pratique actuelle de taiji quan avec ce qui se passait au sein des familles ou clans de cette époque. Les enjeux, les motivations, les habitudes de vie, la vie politique du pays ont conditionné la pratique et l’enseignement de cette époque. Il était exigé aux disciples une implication totale ainsi qu’un dévouement absolu à leur maître. En échange de cet enseignement, le disciple ou élève se devait de donner à son maître et à sa famille tout ce dont il avait besoin. C’est ainsi que Zhang a travaillé comme serviteur chez les Yang et recevait en échange l’enseignement destiné aux « extérieurs » [3]de la famille.

 

 

 

Wang Yen Nien pendant son apprentissage auprès de Zhang Qinlin s’occupa des besoins de celui-ci et aussi de ceux de la femme et de la fille de Zhang. A cette époque, certains maîtres ne s’entouraient que d’un ou de quelques disciples, ceci suffisait à leur garantir un niveau de vie confortable. Il poursuivra sa formation auprès de Zhang malgré les vicissitudes de ses taches militaires, Wang aura vécu douze années de guerre de 1937 à 1949.

 

 

 

 

L'EVOLUTION DU TAIJI QUAN MODERNE

          La  première moitié du 20ème siècle fut donc très troublée, les auteurs de la transformation d’un art de combat comme le taiji quan en un art exprimant la paix et l’harmonie, proposèrent un modèle ou des modèles de gestuelles ritualisées propre à apporter calme et paix à leurs adeptes[1] ; peut-être que ces formes lentes de taiji quan ont été la réponse à un monde et à  ces événements troublés.

 

 

 

[1] Il s’agit du même phénomène qu’au Japon, où les écoles martiales sont devenues pour certaines des Do (voie) dépassant l’aspect guerrier originel

[2] La raison habituellement invoquée est le fait que Zhang ait remporté le duel qui l’opposa à Wang Laisheng qui défia la famille Yang en l’occurrence Yang Chengfu.

[3] Forme en 81 mouvements

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Le style Yangjia michuan taiji quan

28 Mars 2024 , Rédigé par T.lambert Publié dans #QU'EST-CE QUE LE TAI JI QUAN (tai chi chuan)

LE SECRET : LA PRATIQUE !  

 

            Yangjia michuan taiji quan  se traduit par : taiji quan de la transmission secrète de la famille Yang. A notre époque, on ne peut plus parler de transmission secrète étant donné le nombre grandissant de pratiquants de ce style. Dans le passé, les secrets d'écoles étaient gardés précieusement, beaucoup de maîtres d'arts martiaux faisaient métier de leur art en garantissant la sécurité de marchandises ou de personnes.

          Maître Wang Yen Nien considérait que le seul secret réside dans la pratique et uniquement dans  la pratique.

 

UNIR L'INTERNE ET L'EXTERNE :  RESPIRATION  ET FORME

 

      Le style du yangjia michuan se caractérise par des postures peu écartées qui permettent une grande mobilité (Zhang Qinlin était un petit gabarit,  Wang Yen Nien l'était également)

      La forme se compose d'une alternance de mouvements ouverts et fermés associés à la technique respiratoire Tu Na (littéralement rejeter, prendre) Les mouvements fermés sont associés à la phase inspiratoire Xi (l'inspiration s'effectue par le nez), les mouvements ouverts sont associés à la phase expiratoire Hu (l'expiration s'effectue par la bouche) Ce type de respiration fait effet de nettoyage, c'est la respiration dîte de printemps.

      Dans les mouvements fermés la forme corporelle est ramassée, le corps se remplit d'énergie. Dans les mouvements ouverts, la forme corporelle s'étend, l'énergie est libérée.

  

 

DEVIDER LE FIL DE SOIE 


 

        L'enchaînement des gestes s'effectue  sans rupture ni  accélération comme "si l'on dévidait un fil de soie" (ni trop lentement, ni trop rapidement).

 

          L'éxécution du grand enchaînement (Chang quan)  dans sa totalité nécessite  un peu plus d'une heure. 

 

 

 

         

UN SYSTEME COMPLET

 

           Ce style possède la praticularité de proposer une systême complet comprenant :

 

  • exercices de base
  • méditation taoïste
  • un enchaînement de base (13 mouvements ou 13 postures)
  • une longue forme en trois parties (terre/homme/ciel)
  • des enchaînements avec armes (éventail, épée, perche)
  • du tui shou (poussée des mains)
  • et les yong fa (étude du sens martial des gestes)

 

 

DECOUPAGE DU GRAND ENCHAÎNEMENT (CHANG QUAN)

 

1er duan

2ème duan

3ème duan

17

T

22

N

20

T

15

N

18

N

28

T

F

 

 

LEGENDE

 

T = EMBRASSER LE TIGRE ET LE RAMENER A LA MONTAGNE

N = MOUVOIR LES MAINS COMME LES NUAGES

F= FERMETURE DU TAIJI.  RETOUR A L’ORIGINE

LES CHIFFRES CORRESPONDENT AU NOMBRE DE MOUVEMENTS,  T, N et F compte pour 1

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Aspects théoriques du shi san shi ou treize postures

24 Mars 2024 , Rédigé par T.Lambert Publié dans #QU'EST-CE QUE LE TAI JI QUAN (tai chi chuan)

     

LE QUAN PU (compilation de textes sur le taiji quan)

 

           A travers les apports du contenu du « Quan pu » et plus particulièrement du "traité du taiji quan" un des textes de cette compilation de textes exposant l’essentiel de la théorie du taiji quan. Ce "Quan pu" mise à jour en 1852 est considéré par les tenants de l’école Yang comme le premier écrit sur le taiji quan, il inspirera ensuite d’autres textes tels ceux de Wu YuxiangLi Yixu (1833-1892) neveu de Wu YuxiangYang Chen Fu (1883-1936), Shong Suming,[2]  Chen Xin de l’école Chen et  Wu Gong Zao de l’école Wu.     

 

     Pour une grande partie d’entre eux, ces auteurs s’appuieront sur le contenu théorique contenu dans le "Quan pu" afin exposer leurs propres conceptions du taiji quan (voir « les dix principes essentiels du taiji quan » de Yang Chen Fu ou bien les «  Formules des cinq principes » de Li Yixu). Notons que le shi san shi (13 mouvements) semble avoir moins inspirer les auteurs postérieurs à la découvert du "Quan pu", les explications les plus complètes sur ces 13 mouvements restent donc celles du « traité du taiji quan ». Nous avons tiré des textes à notre disposition ce qui était relatif au shi san shi, voici ces extraits :

 

 

Les treize mouvements (shi san shi) ; les écrits

 

 

Traité sur le taiji quan [3] attribué à Zhang Sanfeng

«…La longue boxe est semblable aux flots du fleuve Bleu ou de la mer, qui se meuvent continuellement et sans fin. Parer (peng), tirer vers l’arrière (lu), presser (ji), repousser (an), trancher (cai), tordre (lie), donner un coup de coude (zhou), et donner un coup d’épaule (kao) représentent les huit trigrammes. Avancer, reculer, se déplacer vers la gauche, se déplacer vers la droite et se fixer au centre correspondent aux cinq éléments. Parer, tirer vers l’arrière, presser, et repousser correspondent respectivement aux trigrammes qian, kun, kan et li ; ils représentent les quatre orientations cardinales. Trancher, tordre, donner un coup de coude, et donner un coup d’épaule correspondent respectivement aux trigrammes xun, zhen, dui et gen qui représentent les quatre orientations diagonales. Avancer, reculer, se déplacer vers la gauche, se déplacer vers la droite et se fixer au centre correspondent respectivement au métal, au bois, à l’eau, au feu et à la terre. Ces gestes représentent les treize mouvements ».

 

Le chant des poussées des mains [4]

« En pratiquant parer (peng), tirer (lu), presser (ji) et appuyer (an) vous devez être consciencieux… »

 

Chant des treize mouvements Song Shuming

« Ne néglige pas les treize mouvements… »

 

Chant des huit caractères Xu Xuanping ou Song Shuming

« Parer, tirer vers l’arrière, presser, repousser, de par le monde, rares sont ceux qui connaissent ces techniques…Trancher, tordre, donner un coup de coude, donner un coup d’épaule sont des techniques encore plus merveilleuses… »

 

Chant du tui shou auteur inconnu origine  Chenjia Gou

« Il faut parfaitement connaître ji, peng, lu, na

Le haut et le bas se suivant l’un l’autre, l’adversaire a des difficultés à entrer… »

 

Apparaît ici une autre technique na (presser)

 

Origine école Wu[5]

« Les treize postures sont le (produit) de la théorie des Cinq Eléments et des Huit Trigrammes. Elles représentent la totalité des treize jin de l’échange des mains. Il n’existe pas d’autres Treize Postures. Les Cinq Eléments sont Avancer, reculer, Prêter attention à gauche, Regardez à droite et Equilibre au centre. Elles peuvent s’interpréter comme une séparation de l’interne et de l’externe. Celles qui s’appliquent à l’externe sont Avancer, reculer, Prêter attention à gauche, Regarder vers la droite et Equilibre au centre. Celles qui s’appliquent à l’Interne sont Attacher, Se connecter, Adhérer, Suivre, Ne pas perdre et ne pas résister. »

 

Attacher, se connecter, adhérer, suivre, ne pas perdre et ne pas résister concerne la pratique du tui shou.

 

    

 

 

Les treize mouvements (shi san shi) : L'ossature du taiji quan ancien ?         

          A l'exception du texte issu de la tradition de l’école Chen, remarquons que les textes ci-dessus ne font pas mention de techniques autres que celles des treize mouvements. Selon le contenu du "traité du taiji quan",  ces treize mouvements auraient donc constitué l'ossature du taiji quan ancien encore appelé "longue boxe" (chang quan). Le contenu des textes composant le "Quan pu"  se caractérise par l'association de principes tels que celui du taiji avec certaines techniques martiales, l'ensemble constituant une discipline originale ; la boxe du taiji ou taiji quan. A la même époque[6], sous l’influence de maîtres  illustres, taiji quan, xing yi quan et ba gua zhang furent regroupés dans une même famille nommée nei jia, ainsi ces trois arts dits internes se différenciaient des boxes inspirées par le monastère de Shaolin. Ce courant fut attribué à Zhang Sanfeng, le taiji quan se trouva ainsi un patriarche en la personne d’un ermite taoïste.

 

     L'auteur (ou les auteurs) du "Quan pu"  en associant les techniques du taiji quan naissant aux conceptions du Yi jing (yin-yang, bigrammes, trigrammes et hexagrammes) ainsi qu'à celle des cinq éléments issus de l'énergétique chinoise (théorie développée dans le nei jing su wen considéré comme le "classique de l'interne"), relia de fait le taiji quan à la tradition antique chinoise. Si le rattachement à Zhang San Feng renommé pour ses recherches sur la longévité apporta du crédit au taiji quan en rapport à son aspect prophylactique, relier le taiji quan aux trigrammes et aux cinq éléments le mettra en relation avec une tradition beaucoup plus ancienne symbolisée par deux des ancêtres de la mythologie chinoise.

 

  • Fu Xi l’un des premiers empereurs ; inventeur des trigrammes
  • Yu Le Grand, premier empereur de la dynastie des Xia

 

 

Légendes ; Fu Xi et le dragon/ Yu Le grand et la tortue

 

 

     La légende raconte que Fu Xi rencontra un cheval-dragon portant sur son dos une figure complexe nommée He Tu. Fu Xi interpréta ce diagramme et créa huit combinaisons de traits pleins et discontinus ; les trigrammes.

 

     Yu le Grand (2205 av J.C.) fut l’auteur du premier texte sur les cinq éléments ; le Hong Fan ou "l'écriture ou  livre de Luo". Yu le Grand écrit ce texte aussi à partir d'un diagramme, cette fois ce fut une tortue qui lui révéla en sortant du fleuve Luo

 

     Ces deux légendes rapportent la rencontre d'un éminent personnage avec un animal mythique porteur d'un message à l'adresse des humains leur permettant d'appréhender le monde. Le dragon, la licorne et la tortue font partie des quatre animaux mythiques porte-bonheur, le quatrième étant le phénix. Il est courant dans la tradition chinoise que ce soit un animal qui soit porteur d'une bonne nouvelle ; ainsi la naissance de Confucius fut annoncée par deux dragons.

 

 

Autre légende ; Zhang San Feng la pie et le serpent

 

 

serpent_et_pie.jpg Une autre légende raconte que Zhang San Feng, le créateur présumé du taiji quan fut l'observateur d'un combat entre un oiseau et un serpent, celui-ci remporta la partie grâce à ces mouvements curvilignes. Cette scène fit comprendre à Zhang San Feng la suprématie de la rondeur sur la dureté. L'oiseau en question était une pie, en traduisant littéralement les idéogrammes Xi Que xi heureuxque--pie.pngutilisés afin de désigner une pie, nous obtenons "oiseau qui apporte de bonnes nouvelles" Au vu de ce qu'est devenu le taiji quan au fil des ans, c'était sans conteste une bonne nouvelle ! 

 

    

 

 Dressons maintenant un tableau des évènements liés à Fu Xi et à Yu Le Grand et leurs associations

 

tableau fu xi yu le grand

 

 

Le HE TU ; tableau du fleuve (origine des trigrammes)

 

 

HE TU

 

A l'origine des trigrammes, paradoxalement sa disposition en croix inspirera une disposition en étoile ou rose des vents, celle utilisée couramment afin de représenter les trigrammes.

Le LUO SHU ; écrit du fleuve Luo (origine des cinq éléments)

 

 

         Le diagramme à l’origine des cinq éléments se présente sous une forme d’étoile, il inspirera pourtant une forme en croix que l’on retrouve au centre de celui-ci.

 

 

LO SHU

 

 

 

   Le HONG FAN ; premier écrit sur les cinq éléments

 

  hong fan

 

« L’eau mouille et descend et devient salée, le bois se laisse courber et redresser et prend une saveur acide, le feu brûle, s'élève et prend une saveur amère, la terre reçoit la semence, donne les récoltes et prend une saveur douce, le métal obéit à la main de l'ouvrier, prend différentes formes et prend une saveur âcre »  (Chou King)

 

 

   Relation entre déplacements et cinq éléments

    

 

5 ELEMENTS ET 5 DEPLACEMENTS traité du taiji quan

 

 

Si nous reprenons les liens tissés entre les déplacements et les  éléments décrits dans

« le traité du taiji quan », nous obtenons ce diagramme. Voici une première proposition en adéquation avec le texte.

 

 

       Remarquons que les associations entre éléments et déplacements ont ceci de particulier qu’elles ne correspondent pas à celles utilisées en énergétique chinoise. De nombreux auteurs[7] ont donc préféré associer éléments et direction en fonction de cette théorie, même si ces propositions ne respectaient donc plus ainsi le texte initial du "traité du taiji quan". Voici une deuxième proposition en adéquation avec la théorie de l’énergétique chinoise.

 

 

  5 ELEMENTS ET 5 DEPLACEMENTS autre proposition

 

  

 Relation entre gestes, directions et trigrammes

 

 

     Le texte du "traité du taiji quan" associe chacun des gestes du taiji quan à un trigramme et à une direction de l'espace.

La disposition des trigrammes se présente selon celle dite du Ciel antérieur attribué à Fu Xi.  Nous retrouvons la disposition en étoile comme dans l'enchaînement du shi san shi.

 

 

.TRIGRAMMES CIEL ANTÉRIEUR et 8 gestes

 

 

 

  Shi san shi ; gestes, trigrammes, directions, éléments, déplacements

   

 

           Associons maintenant les deux diagrammes précédents, celui des cinq déplacements avec celui des huit gestes associés aux huit trigrammes, combinant ainsi les 13 postures, cela donne ceci :

 

 

  8 gestes et cinq éléments

 

Sources :

 

Chou King les annales de la Chine S.Couvreur 

Encyclopédie des arts martiaux de l’extrême Orient G. et R. Habersetzer

La pensée chinoise M.Granet

Le magot de Chine ou trésor du symbolisme chinois Situ Shuang

Taiji quan T.Dufresne et J.Nguyen Budostore

Yangjia michuan taiji quan Tome 1  C.Jeanmougin 

Yangjia michuan taiji quan Tome 2    C.Jeanmougin

Yi King Wilhem/Perrot 

 


[2] Voir sur ce personnage C.Despeux p21 taiji quan art martial technique de longue-vie

[3] Dans Yangjia michuan taiji quan par Wang Yen Nien page  C-3, cet extrait est attribué à Zhang Sanfeng.

Fu Zhongwen l’attribue à Wang Zhongyue dans « Maîtriser le style Yang de taiji quan »  p 269.

Ce même texte est attribué à Wu Yuxiang par C.Despeux p 120 dans taiji quan art martial technique de longue vie

[4] P 278-279 Maîtriser le style Yang de taiji quan Fu Zhongwen Le courrier du livre

[5] P 31 Les secrets du style Wu du taïchi-chuan Dr Yang Jwing-ming

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Le shi san shi du style Yangjia michuan taiji quan

21 Mars 2024 , Rédigé par T.Lambert Publié dans #QU'EST-CE QUE LE TAI JI QUAN (tai chi chuan)

SHI SAN SHI

 

A la question qui inventa le shi san shi

du yangjia michuan

 

         Maître Wang Yen Nien répondait que c’était son maître Zhang Qinlin qui était le créateur de cet enchaînement[1]

 

          Celui-ci est proposé comme étude préliminaire à celle du grand enchaînement en trois parties. Il servit aussi de base à un enchaînement crée par Wang Yen Nien et un comité de professeurs dans les années 1970, ceci à la demande de l’association nationale de taiji quan de Taiwan (ROC), cette forme est toujours pratiquée et enseignée à Taiwan  par certains enseignants de l’association ROC.[2]

 

 

 

Composition du shi san shi

 

 

 

           Le shi san shi[3] du style yangjia michuan taiji quan se compose de trois séquences de mouvements exécutées chacune dans quatre directions. Nous pourrions qualifier ce shi san shi de forme aux treize directions, le pratiquant fait face à deux reprises à chacune des 4 directions cardinales en exécutant les deux premières séquences, puis à chacune des 4 directions diagonales en effectuant la troisième séquence pour enfin revenir face à la direction de départ ; le tout donnant treize changements de direction.

 

         

          Soulignons que les séquences de mouvements sont exécutées alternativement à droite et à gauche, L’équilibre du travail corporel entre gauche et droite ne se retrouve pas d’une manière aussi prononcée dans le grand enchaînement où seulement une partie des gestes est exécutée aussi bien à gauche qu’à droite.

 

 

         

Le chiffre 13

 

 

           Cet enchaînement est doublement marqué par le chiffre treize [4] par l’organisation de cette troisième séquence qui à elle seule pourrait constituer un « shi san shi ». En effet, s’il y a une séquence de mouvements qui peut représenter les 13 mouvements ou 13 postures c’est bien celle-ci. Cette diagonale contient les gestes Peng, Lu, An, Ji, Cai, Lie, Zhou, et Kao exécutés dans cet ordre, le même ordre que celui décrit dans le texte du Traité sur le taiji quan  attribué à Zhang Sanfeng. Elle contient également les cinq déplacements associés aux cinq éléments ;

 

  • Jin bu ou pas en avant déplacement contenu dans les trois premiers gestes de cette séquence

 

  • tui bu ou pas en arrière contenu dans les gestes peng, lu et an de la même séquence
 
  • zuo gu ou pas à gauche contenu dans les changements de direction vers la gauche
 
  • you pan ou pas à droite dans les changements de direction vers la droite
 
  • zhong ting ou rester au centre contenu dans le geste peng  suite aux quatre gestes vers l’avant

     Maître Wang Yen Nien intégra la pratique à deux de cette troisième séquence aux exercices de base de tui shou du style yangjia michuan taiji quan. Cet exercice appelé  Ba Fa (huit techniques) est donc devenu le 15éme exercice de base de tui shou du style.

 

 

Les cinq déplacements

 

 

          Ces cinq déplacements du "traité du taiji quan" sont en rapport avec la dimension martiale du taiji quan, nous pouvons également considérer ces cinq directions dans un rapport avec nous-mêmes.

 

  • Avancer serait en relation avec la face

 

  • reculer avec le dos

​​​​​​​

  • se déplacer vers la gauche  serait en relation avec le côté gauche du corps

 

  • se déplacer vers la droite avec la partie droite du corps

 

  • se fixer au centre serait en relation avec l’axe corporel

 

 

          Le tout consiste à chercher à s’équilibrer entre l’avant et l’arrière, la gauche et la droite et aussi entre le haut et le bas, c'est ce que Georges Charles résume par ces deux termes : «agir centré » ou bien simplement « méditer ».

 


[1] Nous avons pu voir une version filmée en 1971 à Taiwan assez différente de la version classique, elle différait notamment sur le nombre de séquences, sur certains gestes et sur les directions. Etait-elle encore en maturation à cette époque ?  Sur ce sujet, est-ce que quelqu’un en sait plus ?  Des éléments de réponse sur le site Yen Nien rapportés par Julia Fairchild (traduction Du Yu)        http://www.ymti.org/fr/int/YMT_13_Postures.php

[2] Voir à ce sujet http://forum.grtc.org/viewtopic.php?p=2156&highlight=

[3] Le style Yangjia Michuan n’a pas l’apanage de cet enchaînement, d’autres écoles proposent un enchaînement relié aux 13 mouvements. Le premier enchaînement de l’école Chen ; le Diyilu est appelé également shisan shi. Maître Liang Chao Qun enseigne une forme de taiji quan nommée « les 13 mouvements du taiji quan »

[4] Rappelons que les 13 mouvements se comprennent comme l’addition du chiffre  huit et du chiffre cinq, le huit représentant les 8 trigrammes, le cinq les 5 éléments

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SHI SAN SHI (13 postures) sens et divers éléments historiques

18 Mars 2024 , Rédigé par T.Lambert Publié dans #QU'EST-CE QUE LE TAI JI QUAN (tai chi chuan)


Shi san shi
 ; définition et  étymologie

 

 

SHI   Symbole de l’étendue (deux dimensions) et des cinq points cardinaux ; Est, Ouest, Sud, Nord, et Centre. (Wieger 24) Dix, dizaine, complet, entier, parfait, totalement, tout. (Ricci 4350)

 

 

Remarquons que l’idéogramme contient dans sa graphie les cinq directions, ceci a son importance pour la suite.

 

 

SAN

Trois, triple (N.B. dans la numérologie chinoise, trois est le nombre des souffles qi à partir de quoi sont formés les 10 000 êtres) plusieurs, plusieurs fois (Ricci 4196)

 

 

Correspond aux énergies du ciel, de l’homme et la terre

 

 

SHI Puissance (Wieger 71)

 

 

         Shi est traduit le plus souvent par posture, pourtant si l’on veut exprimer précisément ce sens, il faudrait plutôt utiliser les deux caractères jia shi. Shi exprime plutôt une force, une puissance voir une expression énergétique.[1] Traduire shi par « posture » ne nous satisfait donc pas, nous rejoignons les traducteurs du livre  de maître Wang Yen Nien[2] lorsqu’ils ont proposé « 13 mouvements », afin de traduire shi san shi, nous retiendrons cette dernière proposition plutôt que celle de « 13 postures ».

 

         Il n’est pourtant pas aisé d’utiliser « 13 mouvements » comme traduction de shi san shi étant donné que la proposition de « 13 postures » semble avoir fait l’unanimité auprès des auteurs. Le plus souvent, nous utiliserons donc le chinois ou sinon nous indiquerons les deux propositions ainsi ; « 13 mouvements » ou « 13 postures ».

 

Le shi san shi ; forme originelle du taiji quan ?

 

Premières traces chez la famille Chen :

 

          Dès le 17ème siècle, d’après la famille Chen, on trouve le caractère peng (une des huit techniques du taiji quan) dans un chant attribué à Chen Wangting (1600-1680) Suivant  le Chenshi quan xie pu [3](recueil de la boxe et des armes de la famille Chen) daté du 18ème siècle, le toutao quan (1er enchaînement de boxe) portait alors le nom de shi san shi.

Les auteurs T.Dufresne et J.Nguyen affirment que le taiji quan aurait subi l’influence de la boxe de Shaolin, la proximité du village de la famille Chen (Chenjiagou) avec le monastère leur laisse à penser que la boxe de Shaolin a largement influencé celle de la famille  Chen.[4] Ces mêmes auteurs[5] s’appuient aussi sur le fait que les techniques : Lu, Ji, An, Cai et Zhou [6] existaient dans le Shaolin ancien, ces gestes ne sont donc pas la seule propriété du taiji quan. Ils étaient largement répandus à travers la sphère d’influence du monastère.

 

 

 

 

 

 

 

 

L’influence de Shaolin s’étendait jusqu’à des régions éloignées, un enchaînement nommé également shi san shi était répandu dans la province du Fujian, il fut à l’origine d’un kata d’Okinawa, il prit alors le nom de seisan lorsqu’il fut adopté par des  maîtres de l’Okinawa té. Les trois sources du kata seisan [7]proviennent toutes de la région du Fujian dans le sud de la Chine proche de l’île d’Okinawa. On dénombre trois sources du kata seisan par ordre chronologique ; la première provient de Matsumura Sokon (1800-1896) qui créa le shuri-té, il fut l’élève à partir de 1830 de Iwa, expert en bai he quan[8] et d’Ason. La deuxième source provient de Higaonna Kanryo (1853-1916) qui fut l’élève de Ru Ru Ko  et de son assistant Iwa à partir de 1874 et ceci pendant une quinzaine d’années. Enfin la troisième source provient de Uechi Kanbun (1877-1948) fondateur du Uechi-ryu qui resta au Fujian de 1897 à 1910 et fut l’élève de Shushiwa (expert en pangai-noon) et de Go Kenki (expert en bai he quan)

 

 

Parmi ceux à qui on attribue la transmission de seisan, nous trouvons trois maîtres du style bai he quan, cette école prend sa source au monastère de Shaolin, un moine Fang Zhong Gong (expert des 18 poings du Luohan) quitte le monastère de Shaolin au 18ème siècle [10]et se réfugie dans la province du Fujian dans un monastère qui prendra le nom de Shaolin du Sud. Ce fut sa fille  Fang Jin Jang qui  inventa le bai he quan à partir de l’enseignement de son père et de ces propres observations sur les méthodes de défense et d’attaque de la grue. Les caractéristiques de l’école ; main en crochet, positions sur une jambe, attaques sur genou et cheville se retrouvent dans les enchaînements du taiji quan.

 

 

           Rien ne vient pourtant attester que le shi san shi de la région du Fujian et celui de la région du Henan (la région de la famille Chen)[11] soient identiques ou puissent être de la même source. Ils portent pourtant le même nom, ce qui nous laisse à penser qu’ils aient pu avoir des éléments communs. Quels pouvaient-ils être ? Certaines techniques contenues  dans la boxe Shaolin ? Le shi san shi ou des shi san shi semblent avoir appartenu à la tradition du courant Shaolin et cette tradition se serait transmise au village Chen mais aurait fait aussi son chemin jusqu’à Okinawa.

 

 

La découverte du quanpu, premiers écrits faisant référence au shi san shi

 

En 1852, Wu Cheng Qing (1802-1884), frère de Wu Yuxiang (1812-1880)[12] trouva deux textes  dans un dépôt de sel:

  • le yinfu qiang (la lance yinfu)
  • le quanpu (recueil de la boxe)

Dans ce dernier, se trouvait des textes attribués à Wang Zhong Yue, il les aurait écrits sous le règne de Qianlong (1736-1795), ceux-ci seraient directement inspirés des textes classiques, des annales historiques, du livre de l’empereur jaune, du Lao Zi et du Sun Zi. Le quanpu se constituait de plusieurs textes :

 

  • Le taiji quan lun (traité du taiji quan)[13]
  • Le shi san shi (13 mouvements ou 13 postures)
  • Le shi san shi xing gong xin jie (explications sur l’entraînement aux treize mouvements)
  • le da shou yao yin (mots importants de tui shou)
  • le da shou ge (chant du tui shou)

 

Si les tenants de l’école Yang reconnaissent en Wang Zhong Yue une de leurs influences majeures, ce n’est pas l’avis des membres de la famille Chen qui accorde à Wang Zhong Yue une place moindre allant même jusqu’à douter de son  existence. Cette découverte effectuée par un membre de la famille Wu, proche de la famille Yang,  a été fortement contestée. Les textes ont été considérés comme apocryphes, on a affirmé qu’ils avaient été écrits de la main même de Wu Yu Xiang, celui-ci cherchant à mettre en avant l’école Yang grâce à ces traités. La famille Chen avait de son côté compilé quelques textes consacrés au taiji quan (voir Taiji quan T.Dufresnes et J.Nguyen p25). Malgré ces dissensions entre écoles, Chen Xin (1849-1929) intégrera un peu plus tard, dans son Chen shi taiji quan tushuo écrit entre 1908 et 1919 des éléments provenant des textes attribués à Wang Zhong Yue.[14]

 

 

Les textes trouvés par Wu Cheng Qing sont aujourd’hui étudiés par l’ensemble des écoles de taiji quan, que ces textes aient été écrits de la main de Wang Zhong Yue ou bien par celle de Wu Yu Xiang conserve bien peu d’importance[15]au regard de l’immense apport que ces textes constituent pour la bonne compréhension des principes de la discipline.

 

 

 


[1] à ce sujet consultez les écrits de C.Jeanmougin ; Yangjia michuan taiji quan Tome 1 et Tome 2   

[2] C15 Yangjia michuan taiji quan 1993 Wang Yen Nien

[3] P 23 Taiji quan T.Dufresne et J.Nguyen Budostore

[4] Voir p 52 à 61 Taiji quan T.Dufresne et J.Nguyen Budostore

[5] P 63 Taiji quan T.Dufresne et J.Nguyen Budostore

[6] Elles appartiennent aux huit techniques du taiji quan

[7] d’après G. et R. Habersetzer voir Encyclopédie des arts martiaux d’Extrême-Orient

[8] Littéralement boxe de la grue blanche

[10] P 51 Encyclopédie des arts martiaux de l’extrême Orient G. et R. Habersetzer

[11] Le premier manuel décrivant les techniques de l’école Chen est celui  de Chen Xin (ou Chen Pinsan), il est daté de 1919, il  décrit le premier enchaînement de l’école Chen, celui-ci est divisé en 13 parties constituant les treize mouvements ou 13 postures, voir Despeux dans taiji quan art martial technique de longue vie p 217-266

[12] Créateur d’un style de taiji quan portant son nom, élève de Yang Lu Chan (1799-1872) et de Chen Qing Ping (1795-1869)

[13] Pour les adeptes du style Yang, il s’agit de la 1er mention du terme taiji quan

[14] P 21 Le taiji quan des origines J.Carmona. Ce texte de Chen Xin reprend également tout un ensemble de notions tel que le Wu Ji, le Taiji, le He tu, le Luo shu, les trigrammes, le San Cai, etc.…Une partie de l’ouvrage est consacré aux méridiens d’énergie.

[15] Nous avons pu remarqué que suivant les auteurs des livres que nous avons consultés que le traité du taiji quan pouvait être attribué aussi bien à Zhang Sanfeng qu’à Wang Zhong Yue, ou même à Wu Yuxiang.

 

Sources photo : Pixabay et archives personnelles

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